Limiter le réchauffement et les GES1

Face à l’urgence climatique, le premier enjeu des gestionnaires de parc immobilier est de participer activement à l’effort collectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Leur augmentation est la cause du réchauffement de la planète et le Haut Conseil pour le Climat, dans son rapport annuel 2022, estime que le bâtiment en est responsable à hauteur de 18% pour la France (chiffres 2021). Ce même rapport précise que « La loi européenne sur le climat et le paquet « Ajustement à l’objectif 55 » (Fit for 55) impliqueront une accélération sans précédent de la baisse des émissions en France dans tous les secteurs. »

Si l’industrie du bâtiment a déjà réalisé d’indéniables progrès depuis 2015, tous les acteurs du secteur sont mis désormais en situation de devoir atténuer encore leurs émissions et s’adapter à une situation climatique évolutive.

La part du résidentiel est de 64% notamment en raison des habitats mal isolés, voire des passoires thermiques, dont la rénovation énergétique constitue une priorité absolue à l’échelle du territoire. Mais pour le gestionnaire de parc, il faut cumuler la maintenance courante à des travaux d’isolation pour remplir les objectifs énergétiques immédiats et revisiter potentiellement le cycle de vie du bâti.

La situation exige donc une remise à plat dès maintenant de l’ensemble des actions à mener à partir d’un descriptif le plus précis possible de l’existant pour évaluer les urgences, l’impact sur le bilan carbone global et les budgets engagés. Quel que soit le profil du gestionnaire, la combinaison idéale doit assurer le confort des clients, pour un loyer qui reste attractif tout en préservant les objectifs de rentabilité des immeubles.

Lutter contre un vieillissement accéléré

Si les bâtiments sont à l’origine d’une part du réchauffement climatique, ils en sont aussi des victimes. Les températures élevées, les pluies extrêmes, les situations de sécheresse et la rétractation des sols argileux, voire les incendies de forêts, inondations, épisodes neigeux exceptionnels et vents violents sont autant de nouveaux facteurs d’un vieillissement prématuré des constructions.

Pour les bâtiments neufs, et a fortiori pour les bâtiments existants, et quelle que soit l’étape de leur cycle de vie, il faut désormais repenser la maintenance. Celle-ci ne peut plus se contenter d’être périodique sur la base d’une usure régulière mais elle doit tenir compte d’éléments extérieurs dont la probabilité relève d’études climatiques et de données météorologiques sans cesse réajustées.

Le risque climatique ne peut plus être ignoré avec sa cohorte de conséquences tant techniques, que financières et commerciales, voire réputationnelles.

Bien que certaines régions soient plus exposées telles que le littoral, le sud-est ou la région méditerranéenne, les zones urbaines ne sont pas épargnées. L’architecture des immeubles, les îlots de chaleur et la densité affectent non seulement la population, mais aussi les bâtiments qui révèlent alors leurs failles en capacité d’aération, en résistance aux vents ou évacuation des eaux pluviales. La maintenance curative ne suffit pas, il faut transformer pour recréer de la valeur là où la crise climatique la dégrade trop vite par rapport aux prévisions initiales.

Il faut alors pouvoir confronter une courbe de vieillissement de divers matériaux et implantations à des hypothèses climatiques plus ou moins favorables pour prendre des décisions éclairées et réalistes.

 

1 Gaz à Effet de Serre

2 Le rapport grand public du Haut Conseil pour le Climat

3 Le Building Information Modeling (BIM) correspond à une maquette numérique couplée à une base de données

4 Format de fichier IFC (Industry Foundation Classes) pour l’interopérabilité entre logiciels de maquette numérique.